Soins mortuaires : préparer le défunt pour le jour des funérailles

Si autrefois, les traditions voulaient que les défunts soient conservés au domicile familial entre le moment du décès et les obsèques, aujourd'hui les choses ont bien changé. Dans l'immense majorité des décès, le défunt repose dans une chambre mortuaire ou dans un funérarium, entre son décès et la cérémonie d'obsèques. Outre l'aspect pratique, le repos du corps d'un défunt en chambre mortuaire revêt également un aspect sanitaire important qui n'entrave pas le travail de deuil.

Toilette mortuaire

La toilette mortuaire

Lors d'un décès, la circulation sanguine s'arrête et c'est la dégradation du corps qui commence dès l'instant même de la mort. Ce phénomène de thanatomorphose doit être rapidement arrêté afin que les proches du défunt puissent se recueillir pendant quelques jours face à un corps présentable et dont l'apparence n'est pas altérée par les stigmates naturels de la mort.

Dès le constat du décès, le personnel soignant (en milieu hospitalier, en établissement de soin ou en EHPAD) réalisera ces premiers gestes indispensables à la présentation du corps. La toilette mortuaire est la suite logique du travail du personnel soignant qui a, le plus souvent, accompagné le défunt dans ses derniers instants. La toilette mortuaire consiste dans un premier temps à débarrasser le défunt des dispositifs médicaux tels que les appareils respiratoires, les perfusions et autres cathéters. Le défunt est ensuite déshabillé et ses bijoux lui sont ôtés. Le personnel soignant procède à une toilette complète du corps à l'eau et au savon et s'attache à refermer les éventuelles plaies. Ils veilleront également à obstruer tous les orifices naturels afin d'absorber les fluides corporels qui vont se dissiper et enfin, ils fermeront les yeux du défunt et maintiendront sa bouche fermée soit à l'aide d'un linge soit avec un point de suture interne et invisible.

Dans l'hypothèse où la famille tient à récupérer le corps de son défunt à domicile, ce dernier sera alors habillé avec des vêtements donnés par ses proches, maquillé et coiffé soigneusement. Toutefois, dans la grande majorité des décès, comme nous l'avons précédemment évoqué, le corps du défunt sera pris en charge par une entreprise de pompes funèbres pour être transporté dans une chambre mortuaire.

Les soins de conservation

Parmi les recommandations faites par les agences de pompes funèbres, les soins de conservation font partie des premières suggestions des professionnels. Que le défunt repose en chambre funéraire ou bien à son domicile, les soins de conservation doivent toujours être pratiqués par des thanatopracteurs diplômés. Les thanatopracteurs interviennent soit en libéral, sur recommandation des entreprises de pompes funèbres, soit sont salariés de ces entreprises. Leur travail vise à prodiguer au corps du défunt des soins de conservation. En plus de la toilette mortuaire, les soins de conservation du corps permettent le ralentissement du processus de dégradation et de décomposition, mais également la « mise en beauté » du défunt. Ce travail revêt une importance capitale dans le travail de deuil de la famille et des proches.

Très techniques, les soins de conservation, également appelés thanatopraxie, consistent à remplacer les fluides corporels (le sang) par un liquide rosé à base de formol qui va ralentir considérablement la thanatomorphose. Ensuite, le thanatopracteur procédera à l'habillage du corps, à son maquillage et à sa coiffure. En pratiquant différents massages très techniques, il gommera et camouflera les stigmates de la mort. Le corps sera alors prêt à être présenté à la famille et aux proches. On a coutume de dire qu'un bon thanatopracteur donnera à voir à la famille un défunt au visage apaisé, en pleine quiétude, simplement endormi.

Dans le cas d'un décès violent par suicide ou par accident, il reviendra au thanatopracteur d'effacer l'ensemble des cicatrices et des plaies par un travail très précis et technique de modelage et de maquillage. Le travail du thanatopracteur tient une place essentielle dans le processus de deuil des proches du défunt. Si le décès fait suite à des traitements médicamenteux lourds, comme des chimiothérapies par exemple, les soins de conservation sont vivement conseillés, car des traitements chimiques induisent une accélération des processus de décomposition.

Relativement onéreux, les soins de conservation peuvent parfois être refusés par la famille du défunt. En revanche, afin d'éviter une dégradation rapide, le corps doit être maintenu, en attendant les obsèques, sur une table ou dans une cellule réfrigérée, voire entouré d'azote à changer à un rythme régulier. Ces équipements de maintien du froid pour limiter la thanatomorphose ont également un coût. Dans tous les cas, les soins de conservation des corps sont à pratiquer par un thanatopracteur diplômé.

Il est à noter que certaines entreprises de pompes funèbres conditionnent le maintien du corps du défunt en chambre funéraire à la réalisation de soins de conservation dans un souci d'hygiène. En ce qui concerne le maintien du corps au domicile du défunt, les soins de thanatopraxie peuvent être réalisés à domicile, toujours par un thanatopracteur diplômé. Toutefois, les soins de conservation à domicile sont très contraignants et strictement encadrés par la loi.

La loi et les soins de conservation des corps

Si les soins de conservation sont, en règle générale, présentés comme une option dans le cadre de la prise en charge et de la gestion des obsèques par des entreprises de pompes funèbres, ils revêtent cependant un caractère obligatoire dans certains cas. Les soins de conservation sont obligatoires lorsque le corps doit faire l'objet d'un transport routier de plus de deux heures, mais également dans le cadre de transfert aérien.

Autrefois exclus des soins de conservation, les défunts atteints d'hépatites ou du VIH peuvent aujourd'hui faire l'objet de soins de conservation.

Certaines maladies imposent une mise en bière immédiate, sans soins de conservation. C'est le cas de certaines maladies infectieuses telles que les fièvres hémorragiques, la peste, le choléra, la maladie de Creutzfeldt-Jakob ou un syndrome respiratoire aigu sévère.